jeudi 25 août 2011

Une urgence pas ordinaire du tout

Une fois n'est pas coutume, nous ne publierons ni les lieux, ni les dates, ni les noms de cette histoire assez rocambolesque (et à mon sens, un peu choquante).

Quand on fait de la moto-cross, les accidents sont vite arrivés, et avec eux, les fractures...
Ca arrive, et ça peut être grave...

Dans ce cas, on dépêche un SAMU, qui transporte, théoriquement, le patient dans l'hôpital le plus adapté du secteur, en fonction des lits disponibles.
Ce type d'intervention, depuis n'importe quel lieu, vers un hôpital, alors que le patient n'est pas encore pris en charge médicalement, s'appelle un transport primaire.

Théoriquement, lorsque la situation est très grave, le SAMU peut, si les délais de prise en charge sont très longs envoyer un hélicoptère, si le transport peut se faire sans danger (météorologie, pilotes disponibles, ...).
Sinon, le SAMU peut envoyer les pompiers, pour assurer une première prise en charge, le temps que le véhicule du SAMU arrive sur place.
L'hôpital de secteur, théoriquement, prescrit les examens adaptés et met en place le traitement adapté.
Si l'hôpital de secteur n'a pas les moyens matériels et humains de prendre en charge le patient, théoriquement, le SAMU en est averti par avance, mais de mauvaises surprises peuvent arriver, et donc le SAMU se charge, théoriquement lorsque la situation est très grave, de conduire le patient vers un hôpital où la bonne prise en charge est disponible.
Le moyen de transport est, théoriquement, choisi en fonction de l'état de gravité du patient.
Ce type d'intervention, depuis un hôpital vers un autre hôpital, alors que le patient est déjà pris en charge médicalement, s'appelle un transport secondaire.

Le patient ensuite peut choisir un centre de soins de suite qui lui paraît mieux adapté à sa prise en charge...


Le lecteur attentif aura noté le terme "théoriquement", utilisé presque autant de fois que l'expression "j'vais vous dire -kekchose-, M'dame / M'sieur", par Notre Président en 5 minutes...

Passons donc joyeusement à la pratique !
Prenons un homme assez jeune, sans problème de santé particulier. Il chute lors d'une manifestation de moto-cross. Il doit avoir une fracture de l'os de la cuisse, le fémur. L'os ne sort pas à travers la peau, il ne fait pas de malaise. Il a mal.

La Sécurité Civile, présente sur place pour la compétition, assure les premiers soins (perfusion d'anti-douleurs, coque d'immobilisation, vérification qu'il ne perd pas tout son sang) et conduit le patient à l'hôpital le plus proche, un Centre Hospitalier Régional, dans une ville importante.

Ce Centre Hospitalier Régional assure les soins nécessaires : morphine contre la douleur assez intense, radiographies, prise de sang...
Le fémur est un puzzle de 5 pièces, il faut opérer...
C'est le genre d'intervention où l'orthopédiste s'amuse comme s'il jouait aux MECCANO (r)





Tout existe sur place, bloc opératoire, anesthésiste, orthopédiste, ...
La fracture nécessite une prise en charge urgente, mais l'état clinique du patient n'est pas inquiétant : les artères  ne sont pas touchées, il ne perd pas de sang, il a une "bonne tension", comme disent les Docteurs dans Urgences...





Là, intervient un élément, qui n'est pas d'ordre médical...
Je ne pense pas que ça soit par sadisme envers les lecteurs, mais il m'apparaît important de ne le révéler qu'à la fin... Devinez de quoi il s'agit... Grosse surprise !

Medicopter 117
Le SAMU du département est appelé. Ce SAMU ne peut pas faire les transports secondaires, il n'a pas assez de véhicules pour ça.
On appelle le SAMU du département voisin, ils ont du travail, peu de véhicules disponibles (mais le trajet en voiture sera long et éloignera trop longtemps l'équipe du SAMU, et c'est dommage, ce jour là, le SAMU a du travail), ils n'ont pas d'hélicoptère disponible, ils feront appel à une équipe d'hélicoptère de la Sécurité Civile, en plus de l'équipe du SAMU qui va assurer le transport secondaire.

C'est un hélicoptère rouge, qui rappelle cette série qui se déroulait dans les montagnes bavaroises, medicopter 117...

Naturellement, pendant le transport, l'Etat du patient est stable, il ne perd pas de sang, il garde une bonne tension, il n'a plus mal grâce à la morphine et à sa coque d'immobilisation...

Il arrive dans les Urgences du CHU, où je prends les transmissions du Médecin du SAMU, j'examine le malade, prescris les examens nécessaires, et appelle l'orthopédiste, qui avait été prévenu par l'autre hôpital.
Quelques minutes après, il part au bloc opératoire...
On ne peut pas vraiment dire que j'ai sauvé une vie...

Alors, avez-vous trouvé l'élément qui manquait ?
Cet élément qui justifie de mobiliser des moyens facturés très cher à la Sécurité Sociale ?
Gagné : Il avait un ami Professeur de Médecine dans un autre CHU, qui lui a dit que l'hôpital dans lequel il était n'était pas assez prestigieux...

Même ce bon Dr Riviera des Simpsons n'avance pas des factures aussi élevées...

En même temps, dans le pays du Dr Riviera, il n'y a pas de Sécurité Sociale, tout est à la charge quasi exclusive du patient...

1 commentaire:

  1. La sécu devrait logiquement lui envoyer la facture puisque c'était une demande non médicalement justifiée...

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